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Ceres Univers

2 novembre 2008

Chapitre 5 : Lena - Dans la pénombre de la Cour

Voici le chapitre suivant de cette aventure :) On retrouve alors Lena dans une situation fort désagréable. Peu à peu, la toile se tisse autour de nos deux héros, j'espère que vous prendrez plaisir à lire cette histoire.

Bonne lecture à vous ^^

PS : comme vous pouvez le voir, toujours ce souci de mise en page. Impossible de savoir d'où ça vient...-_-'

Chapitre 5 : Lena - Dans la pénombre de la Cour.

J’avais envie de dormir. La journée avait été ennuyeuse à mourir et maintenant que les choses étaient censés s’accélérer, j’avais envie de dormir.

 _Mademoiselle ?

 _Hum ?

J’ai repris mes esprits quand Amae m’a senti partir. Elle était en train de me coiffer pour le dîner privé de mon père et ses massages du cuir chevelu ne m’aidaient pas à retenir mon attention.

 _Pardon…j’étais ailleurs.

 _C’est ce que j’ai cru comprendre, se moqua-t-elle gentiment en faisant glisser le fermoir d’une broche dans mon chignon avant de la fermer d’un geste sec, faites attention de ne pas vous assoupir pendant le repas tout de même, cela ferait mauvais genre.

J’ai eu un sourire maladroit.

 _Avec le prince Eisaku dans les parages, je ne risque pas de fermer l’œil.

 _Est-ce bien raisonnable d’y aller en sa présence ?

 _Tu as entendu le secrétaire ? mon refus n’est pas à l’ordre du jour.

J’ai pu admirer son travail et je me suis levée pour qu’elle puisse m’aider à enfiler le manteau en tissu fin qui devait m’aider à supporter les fraîcheurs de la nuit. Un gros truc inutile à mon sens mais qui était à la mode depuis quelques temps chez les femmes de la cour. Et en tant que Comtesse et bâtarde du Seigneur, je n’avais pas le choix. Je devais faire partie de la mode.

 _J’espère au moins que le chef est en forme. Parce que j’ai une faim de loup !

 _Vous ne risquez pas d’être déçue, les dîners du Seigneur ont la réputation d’être les meilleurs de toute l’archipel.

 _Tu veux que je te ramène quelque chose ?

Elle s’est légèrement mise à rosir et j’ai eu un petit rire amusé.

 _Je te ferai parvenir un morceau de tarte au citron va. Un énorme morceau.

 _…merci…

Elle est devenue rouge pivoine le temps que je fasse un tour sur moi-même pour vérifier la teneur de mon ensemble. J’en aurai ri si je ne l’avais pas trouvé aussi attendrissante.

 _Mademoiselle ?

Une des jeunes filles de mon entourage s’est légèrement avancée et s’est inclinée pour pouvoir prendre la parole. J’ai caché un soupir d’agacement : qu’est-ce que je détestais toutes ces manières…je n’avais rien de plus qu’elles, elles n’avaient pas besoin de tout ce protocole pour venir me parler.

 _Le baron Lonaki est venu à votre rencontre. Dois-je le faire patienter ?

 _Le baron…juste quelques instants dans ce cas, je ne serai pas longue.

 _Bien mademoiselle.

Elle est retournée dans la pièce voisine et j’ai pris une longue inspiration pour éviter de me vider de cette mauvaise énergie qui était en train de m’envahir. Non je devais garder mon calme…

 _Il n’abandonne jamais celui-là décidément ! ais-je bougonné dans mon coin tandis qu’Amae repliait mon col avec soin, je pensais pourtant avoir été assez claire la dernière fois !

 _Avec tout le respect que je vous dois mademoiselle, je crains que cela ne suffise pas. Vous êtes un excellent parti : beaucoup d’hommes aimeraient avoir votre pouvoir.

J’ai eu un rire nerveux qui lui ai fait froncer le nez.

 _De quel pouvoir parles-tu ? celui de défricher une petite île fort agréable ? ou de jouer les potiches pour mieux plaire à mon père ? Crois-moi, si c’est ça le pouvoir, je veux bien le donner au premier venu !

 _Ne soyez pas bête ! Vous savez que vous valez mieux que ça !

J’ai sursauté à son cri soudain et j’ai haussé un sourcil. Elle a préféré tourner la tête, énervée. J’oubliais qu’elle-même était une fille de la haute bourgeoisie et qu’elle avait évité un mariage arrangé en entrant à mon service.

 _Désolée Amae, je ne voulais pas…

Je n’ai pas fini ma phrase, mal à l’aise. J’ai préféré faire demi-tour pour ne pas avoir à m’excuser davantage et j’ai ouvert les doubles portes avec largesse. Le baron Lonaki, Shion de son prénom, m’attendait là, les mains dans le dos à faire les cents pas comme un homme-lion en cage.

Lonaki…c’était un noble séduisant et il le savait. Avec quelques années à peine de plus que moi, il avait déjà un beau palmarès de prétendantes à son actif et il comptait bien me rajouter à sa liste. Il ne cessait de me tourner autour comme s’il attendait à ce que je lui tombe dans les bras comme une pauvresse en détresse. J’avais plutôt envie de lui mettre mon pied là où je pensais, mais je ne pouvais pas lever le pied aussi haut avec cet ensemble.

 _Ah Lena ! Vous êtes ravissante !

 _Baron…

 _Shion, je vous l’ai déjà dit cent fois, Shion. Nous pouvons nous appeler par nos noms depuis le temps que nous nous connaissons.

 _Très bien…Shion. A quoi dois-je l’honneur de votre visite ?

 _Je suis venu vous servir de chevalier servant, dit-il avec un sourire qui se voulait sans doute avenant, j’ai moi-même eu la chance d’être invité au dîner du seigneur. Nous y allons ?

Il m’a présenté son bras et j’ai eu un mal fou à retenir un soupir fatigué. Je m’en suis saisie avec un petit sourire forcé et il m’a tout de suite entraîné dans les couloirs du palais pour m’éloigner le plus vite possible de mes appartements. Je ne pouvais déjà plus faire demi-tour…

 _Dites-moi…quels sont vos projets pour la fête de l’An ?

Je l’ai regardé du coin de l’œil quand il a pris la parole après quelques minutes de silence à peine.

 _La fête de l’An ? Vous visez loin !

 _Je suis prévoyant de nature, me dit-t-il en continuant de me guider dans les méandres du palais comme si j’étais atteinte de cécité, et je sais que vous avez passé les deux précédentes cérémonies seule, dans vos appartements.

 _Je n’étais pas seule, ais-je cru bon de préciser, ma demoiselle de compagnie était là, ainsi que certaines de…

 _Oui certaines de vos employés, je sais. Mais Lena, je parle d’une vraie fête, avec des gens de votre rang ! C’est bien plus amusant qu’une simple soirée au grès du feu et de vos lectures !

 _Je m’amuse lors de mes pauvres soirées de lecture ! me suis-je agacée en arrêtant le pas, que croyez-vous ?!

 _Et bien…

 _Au cas où vous n’auriez pas encore compris, je ne suis pas une mondaine ! Et mes « employés » comme vous dites, me sont de bien meilleure compagnie que des gens de mon rang, puisque cette formule semble vous plaire !

Il s’est pincé les lèvres quand j’ai repris mon bras d’un geste sec. J’ai repris la marche d’un pas saccadé et il a soufflé quelques secondes avant de me rattraper d’une petite course.

 _Très bien, très bien, je vous présente mes excuses. Je ne voulais pas vous vexer.

 _Nous ne sommes pas du même monde Shion, et ce n’est pas une question de titre !

 _Je sais, je sais, vous avez vos propres valeurs. Et je les respecte ! se rattrapa-t-il désespérément en galopant derrière moi, oublions ma proposition pour le moment ! Vous ne voudriez pas arriver fâchée au dîner de votre père, n’est-ce pas ?

J’ai ralenti le pas à contre-cœur, touchée par ce dernier argument.

Il m’a de nouveau proposé son bras avec son regard avenant dès qu’il a pu me rattraper. Il a tiré sur le haut de son costume pour retrouver sa contenance et j’ai pris une longue inspiration pour effacer ces envies de meurtre qui m’envahissait alors à son égard.

« Crétin… »

Les grandes portes de la salle de bal étaient à présent devant nous, fermement gardées par deux soldats taggués au sigle de l’Ordre de Rei.

Ces derniers ont écarté leur lance lorsqu’ils ont reconnu mon masque et nous ont laissé le passage avec politesse. Un brouhaha explicite s’est bientôt fait entendre : nous n’étions pas les premiers arrivés. Il y avait déjà moult ministres, conseillers et têtes de fortune.

Bien sûr, tous se sont tus à notre entrée lorsque le porte-voix a clamé mon nom au-dessus de leurs têtes.

C’était bien la partie que j’éprouvais le plus : quand tous me dévisageaient avec intérêt, agacement, énervement, indifférence ou jalousie. A cet instant précis, j’appréciais le port de mon masque. C’était comme une barrière entre eux et mon intimité.

 _Comtesse ! En voilà une surprise !

Madame Imini s’est levée du canapé des invités et a bousculé quelques personnes pour venir à ma rencontre. Nous nous étions vues ce midi mais c’était comme si elle ne m’avait pas parlé depuis des semaines.

 _Oh, très joli manteau ! C’est du satin ?

 _Il me semble oui.

 _Il me faut abso-lu-ment le même ! Oh ça ne vous dérangerait pas, n’est-ce pas ?

 _Bien sûr que non. Evitez juste de prendre la même couleur, afin d’éviter nous prenne pour des jumelles.

 _Ah ah vous plaisantez n’est-ce pas ? Etant donné mon âge, il serait bien flatteur que l’on me confonde avec vous !

Je n’arrivais pas à déterminer s’il s’agissait d’un jeu ou de sa véritable nature. Mais je ne parvenais pas à me méfier d’elle. Elle était le produit même des femmes de cette île : élevée pour être une bonne épouse ou une bonne concubine, cultivée mais juste ce qu’il fallait pour tenir une conversation. Les femmes de cette génération étaient incapables de s’occuper des hautes affaires ou bien même de commerce. Elles devaient prendre sur elles pour combattre ce machisme décadent qui me donnait plus envie de crier qu’autre chose. Mon sang de bâtarde me laissait au moins une certaine liberté que d’autres devaient gagner à la sueur de leur front. C’était peut-être mon plus grand avantage.

 _Duchesse Aniko.

 _Comtesse Lena ! Ravie de vous voir. Enfin un visage souriant dans cette foule de vieillards aigris.

La duchesse Aniko faisait justement partie de ces quelques femmes qui étaient parvenues à se défaire du joug de leur père et mari pour monter leurs propres affaires et ainsi pouvoir s’asseoir à côté des grands officiers de Primera. Elle avait un certain âge qu’elle cachait habillement avec crèmes et onguents qui lui donnaient déjà vingt ans de moins. Elégante mais sûre, elle avait gagné le respect de quelques conseillers. Même mon père lui parlait avec considération. Elle était cependant assez intelligence pour ne pas s’en vanter.

 _Mais asseyez-vous voyons ! déclara-t-elle en me désignant le fauteuil qui se trouvait face à elle, et dîtes-moi ce que vous pensez de ce vin. Il vient directement de mes cépages.

Elle a fait signe à un serviteur qui s’est empressé de me servir un verre du nectar rouge. Je n’ai pas osé refuser alors que je supportais mal l’alcool.

 _Merci.

 _Je vois que vous êtes venue en compagnie de notre cher Baron Lonaki, me dit-elle presque aussitôt en portant son propre verre à ses lèvres, on dirait qu’il ne vous lâche plus.

 _Ne m’en parlez pas…il est certes agréable, mais il a des idées bien arrêtées qui…

 _…vous énerve ? me coupa-t-elle d’un air moqueur, ne le blâmez pas trop vite Comtesse, ces idées arrêtées sont celles de son père et de son grand-père. Vous ne pouvez pas les effacer simplement parce que vous le voulez.

 _Et pourquoi pas ? ais-je relevé en goûtant le vin du bout des lèvres, il faut bien le vouloir pour pouvoir les changer.

 _Voyez-vous ça !

Elle m’a longuement dévisagé au-dessus de son verre, puis a esquissé un large sourire le posant doucement sur le bras du canapé, le regard lointain.

 _A chaque fois que vous parlez ainsi, vous me rappelez une amie d’enfance. Elle aussi espérait changer les choses à force de les bousculer.

 _…et elle y est parvenue ?

 _En partie, acquiesça-t-elle en s’approchant de la table, mais elle n’a pas vécu assez longtemps pour parvenir totalement à ses fins.

 _…j’en suis désolée…

 _Allons, vous n’avez pas à l’être ! déclara-t-elle en retrouvant sa bonne humeur, tout ceci s’est passé il y a déjà tellement longtemps !…

J’ai froncé les sourcils à son air nostalgique. C’était bien la première fois que je la voyais dans cet état.

 _Mesdames et messieurs ! Le seigneur Tenno et son fils, le prince Eisaku !

Le porte-parole a frappé le sol de son bâton et nous nous sommes tous figés. Les doubles portes se sont alors ouvertes, poussées par les gardes.

Nous nous sommes levés et tournés vers l’entrée en silence quand le long manteau rouge bordeaux de mon père s’est dessiné sur le sol. Il est apparu, toujours aussi majestueux, ses longs cheveux attachés et le visage apaisé.

Mon demi-frère Eisaku, était son sosie en manteau gris. Cheveux plus courts et visage plus rond, il ne portait pas la dureté dans ses traits comme notre père, mais dans ses yeux. Des yeux qui cherchaient quelqu’un dans l’assistance et qui sont rapidement tombés sur moi. Ils sont restés rivés jusqu’à ce que je fasse révérence comme tous ceux qui se trouvaient dans la salle. Il m’a toisé un petit instant, comme s’il s’attendait à ce que je tombe en pâmoison devant lui, puis est vite passé à autre chose pour venir à la rencontre des Conseillers qui s’impatientaient déjà.

Je me suis de nouveau inclinée quand notre père s’est tourné vers nous mais il a levé une main pour arrêter mon geste. Il semblait refuser le fait que je baisse les yeux devant lui. Devant lui ou devant cette foule, je ne savais pas.

 _Icheki m’a dit que cette invitation ne t’avait pas transporté de joie.

 _…vous ne m’avez pas vraiment laissé le choix…ais-je murmuré pour éviter que tous nous entendent.

Les oreilles étaient toutes tournées vers nous, je le sentais. Le seigneur qui discutait ainsi avec sa bâtarde devant l’assemblée…c’était tellement rare que cela devait être noté dans les annales du royaume !

 _Je suis bien obligé d’agir ainsi si je veux te faire sortir de tes appartements, me fit-il remarquer en redressant légèrement le menton d’un air dominateur.

J’ai senti le reproche dans le ton de sa voix. J’ai pris une inspiration pour éviter de dire quelque chose que je pourrai regretter par la suite, quand j’ai senti les yeux de mon demi-frère me brûler la nuque. Le simple fait de me voir parler ainsi avec notre père devait le rendre fou…

 _Tu t’asseiras à ma gauche pendant le dîner, déclara ce dernier avec calme et discrétion sans faire attention au regard foudroyant du prince, je compte sur toi pour ménager tes nerfs devant tous nos invités.

Il m’a ensuite dépassé d’un pas large et élégant et tous les Conseillers se sont aplatis devant lui dans un même élan. Ce serait au premier qui oserait lui adresser la parole et obtenir ainsi son attention…

 _…bien, père. Si tel est votre souhait…

J’ai attrapé le verre de vin de la Duchesse Aniko et je l’ai avalé d’un trait pour me donner du courage.

La soirée allait être longue…

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28 octobre 2008

Chapitre 4 : Aymeric - Vengeance amère

En avant pour le chapitre 4 mesdames et messieurs ! Il s'agit du deuxième concernant Aymeric (sisi je sais compter). Il revient, et il est pas content...

...bon bon d'accord j'arrête la déconne. Promis.

Passons au meilleur moment de cette note, le-dit chapitre annoncé ;)

Chapitre 4 : Aymeric - Vengeance amère

 

      C’était une des rares fois où j’étais allé aussi loin de Stellen. Lors du voyage vers le camp S.L., je me suis rendu compte de l’uniformité du paysage de l’île. Des roches, du sable, quelques herbes grises, et encore des roches. Le tout recouvrant des plaines et des collines. Le chemin parut court, tellement j’avais été occupé à penser. Penser à ce que j’allais pouvoir faire subir à ces traîtres, penser de quelle manière nous reviendrions au village. C’était la première fois que je sentais tant de haine, tant de colère, si profonde. Comme si mon sang n’était constitué que de cela. Nous étions une cinquantaine dans le même état. Armés de fourches, de serpes, et d’autres armes de fortune. Peu importait, ces chiens du S.L. n’étaient pas plus équipés que n’importe quels Sanlderans. Ils vivaient juste entre eux, dans des camps plus ou moins cachés entre des dunes ou des collines. Leurs emplacements étaient connus de tous. Seulement, notre peuple n’éprouvait pas le besoin de prendre les armes vis-à-vis de cette minorité. Mais cette fois-ci, ils étaient allés trop loin. Jamais un village n’avait été attaqué de cette manière, et ce devait être puni avec sévérité.

 

 Nous étions au milieu de la nuit quand nous sommes arrivés au niveau du camp. J’ai fais signe à tous les villageois de rester accroupi, caché derrière une colline couverte de rochers ; il fallait garder l’effet de surprise de notre côté. Je me suis avancé prudemment, prêtant attention à chacun de mes pas posés sur le sable. On entendait déjà le crépitement lointain d’un feu et, parfois, le grognement des chameaux incapables de dormir – sans doute encore frappés par la nuit dernière. J’ai du finir de m’avancer à plat ventre pour rester discret, et pour enfin voir le camp.

Il était établit sur un terrain plat, en cercle. Au beau milieu se trouvait le feu entouré de babioles diverses. Sur les côtés, les chameaux nerveux ainsi que les tentes dans lesquelles dormaient profondément nos terroristes – qui apparemment, eux, n’étaient nullement troublés par l’attaque de la nuit précédente. Il y avait trois entrées possibles ; deux de notre côté, et une autre à l’opposé.

Je suis redescendu avertir mes frères d’armes de la situation. Tout en murmures, nous nous sommes mis d’accord sur la séparation en deux groupes qui entreraient chacun par les deux voies de notre côté, laissant l’autre issue sans hommes. Nous n’étions pas assez nombreux et n’avions pas assez de temps pour faire le tour du camp.

 

 J’ai été assez surpris de voir comment tous les habitants se déplaçaient silencieusement en investissant le bivouac S.L. Je ne m’y attendais vraiment pas, surtout que le voyage jusqu’ici avait été rythmé de débats relativement violents. Ainsi, nous sommes entré, puis, lentement, silencieusement, de petits groupes se sont formés pour se diriger chacun vers une tente. Tout se serait parfaitement passé, si un habitant avait été plus patient. En effet, parmi les premiers à être arrivé au niveau d’une tente, il n’a pas attendu pour tuer ceux qui y dormaient. Ce fut alors la panique totale chez les S.L.

Il y eu d’abord une première phase de ‘réveil’ durant laquelle ils ne se rendirent pas bien compte de ce qu’il se passait. Puis, après un court instant, ils commencèrent à hurler et à se ruer sur leurs armes. Mais il était trop tard. Nous étions déjà en place, ils n’avaient aucune chance. Les villageois ont alors hurlé un cri de rage en chœur, et se sont précipité sur les assassins de leur famille. De mon côté, je me suis occupé de d’une tente avec un autre villageois dans laquelle s’étaient réveillés deux de ces vulgaires traîtres. Mon compagnon en a alors tué un en lui plantant sa fourche dans le dos. Sans y prêter réellement attention, je me suis lancé vers l’autre encore dans le vague, à mains nues, serrant mon bras autour de son cou, m’aidant de mon autre main pour renforcer mon étreinte. Il a bien tenté de sa débattre, mais à ma grande surprise, ce fut bref.

C’est alors qu’est venu un premier choc ; celui de sentir un corps sans vie glisser entre ses propres mains, s’affaisser sur soi, lâchant un soupir. Le dernier. Le vacarme dehors était intense. Mon compagnon est d’ailleurs sorti en courant de la tente, sans doute pour en assassiner un autre. Et je sui resté là, seul, le corps d’un homme sans vie sur les genoux, le regard vide, plongé dans mes pensées.

 

Plus tard dans la nuit, les cris d’agonie ont cessé. Un silence pesant s’est installé sur ce qui restait du campement. Les hommes attendaient autour du feu, couverts de sang, se racontant leurs exploits avec fierté. Les Sanlderans avaient beau être généreux et solidaires entre eux, si quelqu’un s’en prenait à eux, ils pouvaient devenir de véritables bêtes féroces sans raison. Un peu comme des animaux sauvages qui voudraient toujours garder leur liberté, leur indépendance.

Ils étaient satisfaits d’eux, personne n’avait pu s’enfuir. Les chameaux encore plus nerveux qu’auparavant étaient devenus assez bruyant. Et moi, j’étais resté là, dans la tente. Cela devait faire une bonne heure. Le corps avait glissé sur le côté et une odeur malsaine avait commencé à en sortir.

Puis, soudainement, j’ai émergé de mes pensées. Je me suis relevé, l’air sévère. Quand je suis sorti de la tente, étrangement, tous les villageois se sont réunis au milieu du camp saccagé. Comme si j’étais devenu leur leader lors de ce raid. Une fois tous là, nous sommes mis en route vers Stellen.

 

 Le chemin m’a parut alors plus long, malgré le fait que j’étais toujours autant plongé dans mes pensées. Quand nous sommes arrivés aux portes du village, le soleil commençait déjà à se lever tout doucement. Il n’y avait personne dans les rues. Chacun est rentré chez lui, comme apaisé, puis le silence a de nouveau enveloppé Stellen. Une fois avoir fermé la porte de la maison, je suis resté immobile devant la grande salle commune, vide. J’ai alors senti mes genoux céder, comme si je n’avais plus de forces pour me tenir debout. Et je me suis retrouvé dos contre la porte, avec une sensation étrange. Je me suis pris la tête dans les mains quand des larmes me sont montées aux yeux.

 

 « Qu’est-ce que j’ai fais ? »

22 octobre 2008

Chapitre 3 : Lena - Le visage de la Comtesse

Voici donc le troisième chapitre de l'histoire ;) Fini l'introduction, nous entrons dans le vif du sujet.
Ecrire une histoire à quatre main déroge aux règles usuelles, d'où cette construction qui peut peut-être dérouter certains d'entre vous. N'hésitez pas à nous dire s'il y a quelque chose qui vous gêne ou quelque chose que vous ne comprenez pas, car c'est important pour la suite.

Bonne lecture à vous ^^

(PS : attention, mise en page très espacée. Impossible de refaire la même que sur mes pages word, toutes les remarques de dialogues sont séparées d'une ligne. J'espère vite trouver la solution à ce problème -_-')

Chapitre 3 : Lena - Le visage de la Comtesse

 _Mademoiselle, debout allez !

 _Hummm…

Un rayon de soleil m’a ébloui alors que j’étais enfin assoupie entre mes draps et j’ai deviné une silhouette passer près de moi pour tirer la deuxième paire de rideau de ma chambre. J’ai attrapé mon oreiller en bougonnant, peu réceptive à la bonne humeur d’Amae.

 _Il est déjà tard, le soleil est haut dans le ciel !

 _…tant mieux pour lui…

 _Ne soyez pas médisante, allez !

J’ai eu un profond soupir en ouvrant un œil : elle se tenait là devant moi, les poings sur les hanches. Il était difficile de croire qu’elle avait mon âge tant elle pouvait paraître mature. De longs cheveux toujours noués, les manches sans cesse retroussées – sauf lorsqu’elle m’accompagnait à l’extérieur – le visage fin et des yeux pétillants, c’était une jeune fille joyeuse et pleine de bonne volonté. 

_Je vous ai fait préparer un bon bain à la lavande, comme vous aimez.

_Humm…

J’ai cédé à contre-cœur : j’avais eu une nuit relativement courte et quelques heures de sommeil en plus ne m’aurait pas déplu. Mais Amae était très stricte, j’étais debout tous les jours à 8 heures.

 _Dire que vous vous leviez à l’aube il y a quelques temps encore. Vous vous encroûtez mademoiselle.

 _Humm…je crois aussi…merci.

Elle m’a tendu un peignoir de soir particulièrement doux et je me suis levée en luttant pour ne pas me recoucher. Elle avait tout à fait raison : mon entraînement au monastère était en train de partir en morceau avec tout ce luxe et ce confort. Je devenais faignante…

 _Quel est le programme de la journée ?

 _Lecture oratoire de la duchesse de Nork jusqu’à l’heure du déjeuner que vous devez passer avec madame Imini et madame Xyo. Ensuite, vous avez quartier libre jusqu’à ce soir.             

 _Grand dieu, rappelle-moi de me noyer…

Elle a eu un rire en poussant le paravent qui protégeait l’entrée de la salle de bain et j’ai découché un bac rempli d’eau chaude parfumé à la lavande. Je regrettais toujours le jardin du monastère à cette odeur…la saison n’était pas celle du lilas heureusement…

 _Mademoiselle, votre bras !

 _Hum ?

Amae a poussé un cri de surprise quand j’ai laissé le peignoir échouer à mes pieds pour pouvoir entrer dans l’eau. J’ai baissé les yeux et j’ai aussitôt grimacé en découvrant une coupure sans doute faite cette nuit. Je me disais bien que cet antiquaire était parvenu à me toucher…

 _Ce n’est rien, une égratignure !

 _Vous avez beaucoup d’égratignure de la sorte ces derniers temps, me fit-elle remarquer alors que je m’asseyais avec délectation dans cette eau chaude, vous êtes plus maladroite que dans mes souvenirs !

J’ai eu un sourire amusé à son air renfrogné alors qu’elle ramassait mon peignoir d’un geste sec. Elle a levé les yeux vers moi et les a aussitôt baissé d’un air gêné en remarquant que je la regardais.

 _Pardon…je sais que cela ne me regarde pas…

 _J’apprécie ta compassion, rassure-toi. Mais n’aie crainte, ce n’est pas bien grave.

 _Vous allez devoir porter un ensemble à manche longue pour cacher cette blessure. Imaginez ce que l’on pourrait dire…

J’ai eu un rire sonore en me laissant couler de l’eau sur l’épaule. Je m’étais battue cette nuit…encore…

 _Cela ne fera qu’une rumeur de plus, me suis-je moquée, cela fait longtemps que cela ne me touche plus. Mais d’accord pour l’ensemble aux manches longues. Les journées sont fraîches ces derniers temps…

 _Je m’en occupe.

Elle m’a salué et a contourné le paravent d’un pas rapide. J’ai eu un soupir et j’ai fermé les yeux pour me laisser couler au fond du bac. J’ai regardé la nappe d’eau s’abattre au-dessus de moi et des petites bulles sont remontées à la surface à ma première inspiration.

Cela faisait deux ans maintenant que j’étais de retour à Primera. Le Seigneur était venu à ma rencontre comme promis dans sa lettre et je m’étais bien retrouvée face à lui dans un coin reculé de l’île, en plein milieu de ses terres. Il était plus grand que je ne l’aurais imaginé, couvert d’un long manteau qui lui donnait un air plus imposant que dans la réalité. Visage sec, longs cheveux ramenés à l’arrière du crâne, il était exactement comme le portrait que m’avait montré Kiran dans l’un des couloirs du monastère.

Il m’a longuement observé comme s’il avait vu un fantôme, comme s’il n’imaginait pas que j’allais grandir un jour. Je suis restée plantée devant lui sans savoir quoi faire d’autre que de supporter son regard…il m’a ensuite fait signe de m’avancer et m’a présenté un petit coffret en bois nacré. Je ne l’imaginais pas m’offrir quelque chose dès mon arrivée, cela ne ressemblait pas à l’idée que je m’étais faite de lui. Et je n’avais pas tord.

 _A partir de cet instant, tu porteras ce masque.

Je suis restée interdite lorsqu’il a ouvert le coffre où se trouvait un loup blanc, juste assez grand pour me couvrir le haut du visage.

 _Ne vois pas ceci comme une punition, me dit-il lorsque je l’ai regardé sans y croire, mais plutôt comme une protection. Beaucoup de mon conseil se demande bien pourquoi je t’ai fait revenir. Ils ignorent tout de toi, de tes origines à ta fonction de Main Noire.

 _Et en quoi me cacher le visage va me protéger des hommes de votre cour ?

Il a légèrement reculé la tête à ma remarque et a eu du mal à cacher un sourire satisfait.

 _Ne serait-ce que pour ta vertu, me répondit-il sans plaisanter, avant de se renfermer, mais aussi parce que je te le demande.

J’ai de nouveau baissé les yeux vers le masque qui semblait avoir été fait pour moi : blanc, fin, terriblement banal mais fait avec soin.

 _Je vois. Quoiqu’il arrive, je resterai l’enfant de la honte !

J’ai mis ce masque d’un geste franc et il m’a de nouveau dévisagé en cachant à peine un soupir.

 _Tu ne risqueras rien si tu fais exactement ce que je te dis, reprit-il d’une voix sombre, que ce soit en tant que Comtesse qu’en tant que Main Noire.

 _En tant que Comtesse ?

Je l’ai suivi dans des couloirs vivement éclairés de torche, taillés directement dans la pierre. Sans doute des tunnels à usage personnel.

 _Tu es ma fille, tu as des droits. Je t’offre le comté de Kju, une des îles les plus riches mais aussi des plus tranquilles. Je te conseille d’ailleurs de rendre visite le plus vite possible à ceux qui entretiennent tes terres pendant ton absence…

Je n’ai rien dit, stupéfaite. Alors ça allait être ça ma vie : jouer les potiches de Comtesse cachée derrière un masque pour éviter d’attirer d’avantage la honte sur lui ? et obéir à ses ordres quand il décidera de se débarrasser de quelqu’un ? bon sang…le monastère semblait si loin…

 _Mademoiselle, tout va bien ?

J’ai émergé de mon bac et j’ai repoussé mes cheveux quand la voix d’Amae s’est faite entendre de manière étouffée.

 _Mademoiselle ?

 _Oui oui je…j’arrive.

Je me suis essuyée le visage d’une main en me pinçant le nez et j’ai attrapé mon peignoir pour sortir de l’eau. Je me suis emmitouflée à l’intérieur et j’ai rejoint ma chambre où deux femmes refaisaient mon lit en discutant joyeusement. Amae m’a présenté une chaise et m’a invité à m’asseoir devant la coiffeuse. Le masque de mon père se trouvait là, simplement posé sur un mouchoir blanc. Je l’ai mis avec soin pendant qu’Amae me séchait les cheveux avec douceur. Elle était bien la seule personne dans ce palais qui avait vu mon visage en entier. Elle avait été affecté à mes soins dès mon arrivée et nous nous étions rapidement bien entendues. Il lui avait fallu un bon moment pour s’ouvrir totalement, mais elle tenait à garder une distance en me vouvoyant toujours.

 _Vous semblez soucieuse…

J’ai repris mes esprits alors qu’elle soulevait mes cheveux maintenant longs, pour les attacher en chignon.

 _Ce n’est rien…sans doute de la fatigue.

Elle a souri avec un air compatissant, quand du mouvement et des bruits de pas se sont fait entendre dans le couloir qui menait à mes appartements. J’ai aussitôt froncé les sourcils et Amae m’a abandonné pour aller voir une des jeunes filles qui est venue lui donner des nouvelles au creux de l’oreille.

 _Faites-le patienter, lui dit-elle d’un ton aimable mais sec, la Comtesse change de toilette.

 _Bien mademoiselle.

Elle est revenue vers moi, inquiète.

 _Qui a-t-il ?

 _Monsieur Icheki est venu vous rendre visite.

 _Le secrétaire du seigneur en personne ?…en voilà une surprise ! Passe-moi mon ensemble s’il te plait, j’aimerai éviter de le faire attendre.

 _Tout de suite.

Je me suis levée et elle m’a aidé à m’habiller, comme si je n’étais pas capable de le faire moi-même, et s’est placée derrière moi pour bien serrer la ceinture large qui devait m’entourer la taille. J’ai tiré sur le bord de mes manches pour être sûre qu’elles soient bien à la bonne taille et j’ai vérifié la teneur de mon masque avant qu’Amae aille accueillir le secrétaire de mon père.

Monsieur Icheki était un noble déjà accusant un certain âge, discret, érudit, à l’œil de fouine et aux oreilles de chat. Un homme de confiance du seigneur à qui ce dernier confiait les taches administratives les plus importantes. Et souvent les plus ingrates. Il était aussi au courant de toutes ses décisions, puisque c’est lui qui les couchait sur papier…en somme, un être qui ne payait pas de mine et dont on se méfiait peu, mais qui avait pourtant de grands pouvoirs.

Il était tellement discret et affable que je ne savais dire ce que je représentais pour lui : un danger, une simple fille, un amusement…il me traitait juste avec respect sur un ton de grand-père.

 _Comtesse Oma…pardon de venir vous importuner de si bonne heure, mais j’ai un message de notre Seigneur.

 _Vous êtes toujours le bienvenu chez moi vous le savez, ais-je déclaré en l’invitant à s’asseoir près d’une table dressée pour les visites, mais vous n’auriez pas du vous déplacer si vite, j’aurai très bien pu venir à vous.

 _Oh l’exercice matinal est tout ce qui a de bon pour un homme de mon âge, me dit-il d’un ton chevrotant, et notre seigneur a été très précis à ce sujet, il craignait que vous ayez déjà des projets pour ce soir.

J’ai froncé les sourcils et un sourire s’est dessiné sur ses lèvres. Amae a été assez délicate pour nous faire servir du thé encore chaud et il n’a pas tardé à boire une gorgée sans faire de bruit.

 _Je n’ai rien prévu pour ce soir non, ais-je déclaré pour le forcer à accélérer le mouvement, agacée par sa petite comédie d’homme vieillissant, pourquoi ?

 _…parce que notre seigneur a organisé un dîner privé auquel vous êtes hautement conviée.

J’ai moi-même bu une gorgée de thé, les yeux rivés sur lui. Cela ne présageait rien de bon. En deux ans de présence, je n’avais été « invité » avec insistance que trois fois par mon père, et c’était toujours pour ce genre de dîner dit privé. Dîner qui rassemblait tout de même conseillers, héritiers des plus grandes familles, moi et…mon demi-frère, le prince Eisaku, l’héritier officiel de l’Ordre. Le genre de dîner qui était là pour parler affaire et finance…je me suis toujours demandée pourquoi il tenait à ce que je sois là, vu que je ne servais à rien dans ces circonstances et que je m’y ennuyais comme un rat mort. Certes, j’écoutais les conversations avec la discrétion qui était la mienne et j’apprenais beaucoup de choses intéressantes, mais de là à être invitée…

 _J’imagine que je n’ai pas le choix…

 _J’ai bien peur que non, me lança poliment monsieur Icheki en reposant sa tasse de thé maintenant vide, d’où ma présence en une si belle matinée. Je n’ai pas le droit de partir sans l’affirmation de votre présence pour ce soir.

 _Je vois…

J’ai lancé un regard explicite à Amae qui est restée polie mais qui ne devait pas en penser moins que moi.

 _Dans ce cas…je serai prête. A quelle heure ?

 _20 heures, comme d’habitude. Désirez-vous que je vous envoie du monde ?

 _Non merci, je préfère me déplacer seule. Mais j’apprécie votre geste, merci.

J’ai terminé mon thé quand il a pris congé, toujours en jouant les petits vieillards inoffensifs. Je lui aurai bien fait avaler sa tasse au passage, mais je suis restée parfaitement maître de moi-même. A part que maintenant, ma soirée était fichue…

18 octobre 2008

Chapitre 2 : Aymeric - À feu et à sang

Attention attention ! livraison du deuxième chapitre !

Nouveau personnage, nouveau lieu, même histoire. Désolé si il a pu mettre un peu de temps à venir, promis, la prochaine fois, le chapitre suivant viendra plus vite (peut-être :P).

En attendant, je vous laisse avec ce "paisible" petit chapitre. En espérant que vous apprécierez ;)

Ps: Oops ! J'oubliais ! Je me présente ; Scrach, le second auteur :)

Chapitre 2 : À feu et à sang

Stellen, un petit village de Sanldy, entouré de rocailles et de sable, comme un peu partout sur cette île.

 Dans ces petites rues, les ombres commençaient à grandir, entraînées par le soleil qui se couchait sur l’horizon. Les habitants rentraient doucement chez eux, après une journée de dur labeur, pressés de retrouver leur famille et leur toit. Parmi ces gens, un jeune apprenti cordonnier qui rentrait chez lui, jonglant avec une petite bourse. Cet homme, c’était moi, Aymeric Gherenn. J’étais né ici, à Stellen il y a déjà vingt ans. Je n’avais pas bougé de ce village depuis tout ce temps. Et il le fallait bien, pour que je puisse aider ma famille.En effet, ici, tout comme sur toute l’île de Sanldy, les moyens pour vivre étaient assez minces. Nous vivions tous ensemble, mes parents, mes frères, mes sœurs et moi dans une maison au bas de la rue. Pour nous nourrir, nous mettions en commun notre argent, quel qu’il soit, pour en faire profiter à tous. Ainsi allait l’éducation des Gherenn, et celle de la plupart des Sanlderans qui vivaient dans les mêmes conditions que nous.Bien heureusement, nous ne nous laissions pas abattre par cette situation. Depuis longtemps, les Sanlderans se voulaient de nature généreuse et solidaire. En effet, il était tout à fait normal de faire profiter à ses proches le fruit de sa chasse avant d’en profiter soi-même. Le don de soi était véritablement favorisé, et les personnes qui s’occupaient de leur propre sort n’étaient pas tolérées sur l’île. Nos parents nous avaient toujours dit que le fait de vivre en communauté était un avantage, et qu’il ne fallait pas se rabaisser à la vie en solitaire. L’argent que chaque membre rapportait été mis en commun, ramené pour tous. C’est ainsi que les Gherenn vivaient depuis des générations.

  Je suis finalement revenu à la maison, alors que le soleil terminait de disparaître paresseusement derrière des collines rocailleuses. J’ai refermé la porte en bois derrière-moi, puis je me suis approché de la table de la salle commune pour y jeter l’argent. Evidemment, j’étais seul. J’étais toujours le premier à rentrer à la maison. Mon père et ma mère travaillaient tous les deux à un chantier à l’autre bout du village. Ils avaient d’ailleurs emmenés avec eux mes deux frères et mes deux sœurs pour les aider. Effectivement, le site avait de quoi attirer les habitants qui cherchaient un moyen de gagner un peu d’argent ; c’était le chantier d’un port qui pourrait accueillir les vaisseaux commerçants de l’Ordre de Rei. C’étaient d’ailleurs eux qui avaient tout financé, jusqu’au salaire des ouvriers. Notre village n’a rien eu à payer. L’Ordre de Rei, était le peuple le plus puissant, le plus riche. Ce sont eux qui ont également engagé le commerce entre tous les différents peuples de Cérès. Inutile de dire alors que leurs payes n’étaient pas négligeables pour les habitants de Stellen. C’était pour nous un bon moyen pour vivre un peu mieux pendant un petit moment. En plus, leur charge de travail sur le site du chantier n’était pas trop épuisante. Ainsi ils pouvaient rentrer assez rapidement...

 Mais bizarrement, ce petit moment de solitude quotidien était bien long. Cela devait faire deux bonnes heures que j’étais rentré, et personne n’était encore là. J’ai laissé de côté la préparation des repas pour aller regarder à une fenêtre ; personne ne venait. Cependant, il y avait encore de l’activité au village si je me fiais aux bruits à l’extérieur. D’habitude, tout le monde est chez soi à cette heure. Etrange. L’ambiance était différente, je n’aurais su dire pourquoi. Intrigué, je suis sorti de la maison en prenant le soin de la fermer à clef. Puis je me suis dirigé vers la source de tous ces bruits en me fiant à mon ouïe. Une fois arrivé à la place du marché, j’ai pu apercevoir des flammes jaillir au loin, et les bruits se faisaient plus clairs. Des hurlements, des cris de douleur et de tristesse. A mon grand désespoir, tout ce vacarme ne venait que d’un seul endroit ; le chantier.

 Paniqué, je me suis aussitôt précipité vers les flammes immenses dont émanait une fumée noire. Le chantier se situait à l’extrême ouest du village, un peu en dehors de ses limites, sur un site couvert de sable. Quand j’y suis arrivé, j’ai d’abord vu tous les habitants du village. Ils étaient tous là, en train de pleurer, de crier à la mort. Je me suis frayé un chemin, affolé, je ne comprenais pas ce qu’ils e passait. Puis j’ai vu les échafaudages enflammés, les pierres noircies, le sable recouvert de cendres et de sang. Le chantier, du moins ce qu’il en restait, était parsemé de corps sans vie ensanglantés, brûlés.

 J’ai alors tenté de savoir. Pourquoi ? Comment ? Quand ? J’ai voulu questionner des gens autour de moi. « Ce sont les anti-progressistes, les saccageurs qui ont fait ça ! » C’est tout ce que j’ai pu avoir comme réponse, mais c’était amplement suffisant pour comprendre. Le chantier avait été attaqué par un petit groupe de pirates des sables, les S.L. et tous les ouvriers y on t été tué, sans exception. Je l’avais bien compris.

  Cette nuit-là fut longue et horrible. Le lendemain, nous avons offert aux défunts des sépultures honorables. Et c’est alors que le sentiment de trahison m’a envahi. Mais par qui ? Par quoi ? Je ne le savais pas. Une haine sans pareil a commencé à me ronger de l’intérieur. Ces saccageurs du ‘Sanldy Libre’ avaient agit sauvagement, avec une violence inouïe. Un tel acte ne devait pas restait impuni. Il fallait faire quelque chose. Le village s’était réuni à l’occasion. C’était le moment d’en profiter. Je m’étais alors lancé dans un discours improvisé.

 « Ola ! Frères Sanlderans ! Je demande votre attention ! Hier soir, les anti-progressistes du S.L. nous ont humilié. Ils ont assassiné vos fils, vos filles, vos parents, vos amis. Nous ne devons pas les laisser se satisfaire de leur affront ainsi ! Nous devons réagir ! »

 J’ai donné rendez-vous aux hommes et aux femmes qui se sentaient prêts à venir me rejoindre à la sortie du village pour punir ces pourritures excitées par le sang. Le S.L. avait un camp non loin d’ici. Ceux qui avaient attaqué le chantier du port venaient sans nul doute de là-bas. Je me suis rendu aux portes de Stellen aussitôt après. J’étais seul. Mais j’étais déterminé à attendre jusqu’à la tombée de la nuit pour me lancer contre ces bêtes sauvages. Même si j’étais seul.

 Mais c’est seulement après une demi-heure d’attente à l’ombre des murs que j’ai vu venir les premiers habitants qui étaient prêts à me suivre. Et au fur et à mesure que le temps passait, la rue qui donnait sur la sortie du village commença à se gorger de monde. A croire que toutes les familles avaient laissé leurs enfants à la maison, avaient prit de quoi se battre et étaient venus me rejoindre. Une telle solidarité m’aurait ému aux larmes si je n’avais pas été dans une colère noire. Bientôt, le soleil se coucha à l’horizon, et nous avons alors entamé notre raid contre le camp S.L.


12 octobre 2008

Chapitre 1 : Lena - La naissance d'une Lame

Voici le premier chapitre de notre saga l'Empreinte du Passé. Pour un premier essai, il est long, j'espère que vous me pardonnerez. Les suivants seront beaucoup plus courts, nous avons décidé de faire ainsi pour faciliter la lecture sur écran et aussi pour mieux travailler notre trame. Pour le premier morceau, je me suis emballée...je ferai très attention pour la suite ;)

Bon courage et bienvenue dans le monde de Cérès.

Chapitre 1 : La naissance d'une Lame

Je suis ce qu’on appelle une bâtarde. Je suis un mensonge, une honte cachée derrière un masque pour ne pas attirer le déshonneur sur ma famille.

J’ai appris ce fait dès mes 5 ans, lorsque j’ai été arrachée à mes proches pour être envoyée sur une des îles les plus au nord des archipels de l’Ordre de Rei. J’étais certes, la fille du seigneur de l’Ordre, mais j’avais été conçue hors mariage. Ma mère, une de ses servantes selon les rumeurs, avait été remerciée peu après ma naissance. J’avoue ne jamais les avoir rencontré. Ni l’un, ni l’autre.


J’ai été envoyée dès mon plus jeune âge en exil au monastère d’Ounda pour apprendre l’art de l’assassinat. C’était soit ça, soit je devenais une servante au service de mon demi-frère. Mais pour une raison que j’ignorais alors, mon père avait plutôt décidé de faire de moi une Main Noire. Dans son esprit, j’allais sans doute être plus utile de cette façon…


Celui qui m’accueillit à l’époque était le moine Kiran. C’était un jeune homme d’une vingtaine d’année qui avait eu pour mission de s’occuper de moi et de m’apprendre les bonnes manières dues à mon rang officieux.

Mais j’étais une enfant turbulente, qui refusait obstinément de répondre aux ordres tant qu’on ne se pliait pas à ses quatre volontés. Dès le départ, Kiran a fait fort de me laisser hurler et taper du pied dans une pièce qui deviendrait ma chambre par la force des choses. Puis il est revenu me chercher lorsque la faim m’a fait comprendre que je ne gagnerai pas.

A partir de là, j’ai compris qu’il était là pour moi. Il est devenu mon protecteur, mon professeur et mon confident.

J’ai grandi sur cette île à peine assez grande pour accueillir le monastère et le jardin où se tenaient le potager et les sentiers de promenade. Il y avait en tout une vingtaine de moine et moniale retirés là pour une vie faite dans la prière et le travail. Un petit monde qui vivait en autarcie presque parfaite…de quoi me retirer de l’univers entier.

Kiran a pris le temps de m’apprendre ce qui faisait tourner notre monde. Il m’a longuement parlé du cataclysme et de son résultat sur la société des hommes. Il m’a donné des cours d’histoire, de géographie, de langue, de calligraphie, de musique…tout pour faire de moi une femme cultivée et empreint d’intelligence.


Puis dès mes 8 ans, l’entraînement physique a rejoint l’entraînement intellectuel. L’assassin que j’allais devenir devait être rapide, fine, silencieuse, invisible…elle devait contrôler ses émotions, son souffle, ses gestes…tout ça dans une philosophie liant le bienfait de la vie à l’apaisement de la mort.

J’ai eu une enfance heureuse quoique harassante. Les moniales prenaient soin de moi et me côtoyaient lorsque je les aidais au potager ou à la cuisine. Les moines me respectaient, parfois avec hauteur mais toujours avec calme. J’étais une bâtarde après tout, je devais savoir où se trouvait ma place.


Kiran s’amusait de la présomption de ses camarades qui tentaient de me démoraliser à travers des remarques cyniques qui n’avaient rien de spirituel.

_Ne fais pas attention à leurs paroles. Ils sont toujours surpris par la vitesse à laquelle tu es capable d’apprendre. Ton père nous protège le temps que nous prenons soin de toi. Lorsque tu partiras, nous serons de nouveau sans tutelle. Et cela les inquiète.

_Je ne vois pas pourquoi. Moi je vous protégerai.

Il a baissé les yeux à ma remarque et a souri en silence. J’avais 11 ans à ce moment-là, j’étais persuadée de pouvoir les aider malgré mes faibles capacités. J’ignorai bien sûr tout ce que la « protection » du seigneur de l’Ordre de Rei voulait dire pour le monastère.

Je dissociais parfaitement ma vie sur l’île et celle que j’aurai du avoir au sein de ma famille. Pour moi, les deux choses n’avaient rien à voir. L’enfant que j’étais rêvait d’être accueillie les bras ouverts le jour où elle aurait terminé mon apprentissage. Bien sûr, la vérité était toute autre.

Je l’ai appris à mes dépends quelques années plus tard, juste après mon 14e anniversaire.


Une nuit, un homme est parvenu à poser le pied sur l’île et à s’immiscer dans les couloirs du monastère. Je dormais sur ma couche, apaisée. Puis soudain, j’ai senti une présence. Le temps d’ouvrir les yeux, une dague est venue se planter dans mon oreiller. J’ai fait volte-face et j’ai frappé fort pour faire reculer mon assaillant.

Au début, j’ai cru à un exercice grandeur nature de la part de Kiran, mais l’homme qui se trouvait là était vêtu différemment, le visage dissimulé derrière un foulard.

_Qu’est-ce que vous me voulez ?!

_Moi rien, me dit-il d’une voix rauque, mais ce n’est pas le cas de celui qui me paye !

Il a brandi une autre dague mais j’ai évité le coup sans grande difficulté. Je ne parvenais pas à comprendre : qui voulait ma mort ? je n’ennuyais personne !

_Allez, laisse-toi faire…Ça me fera gagner du temps !

J’ai serré les dents, furieuse. Je n’avais pas d’arme dans ma chambre, c’était une règle de Kiran. Mais j’avais mes mains. Et c’était bien suffisant.

_Argh !

Je l’ai évité et je l’ai durement frappé au niveau de l’épaule puis de l’omoplate. Son bras est mollement tombé le long de son corps et il s’est retourné vers moi, le haut du visage empreint de douleur.

  _Qu’est-ce que tu m’as fait ?!

_J’ai bloqué certains points névralgiques. Tu ne pourras pas te servir de ton bras à moins qu’on libère ton Chi.

_Espèce de… !

Il a attrapé une petite épée cachée dans sa ceinture dorsale de sa main valide et l’a brandi devant moi. Je lui ai attrapé le poignet en un geste et je l’ai fait passer au-dessus de moi en le frappant à la hanche. Il est brutalement tombé sur le dos, paralysé de la hanche gauche. Il a bien tenté de se redresser mais je lui ai atteint le genou droit et il s’est écroulé en jurant.


_Qui…qui es-tu au juste ? un…un assassin ?

_C’est pour ça que j’ai été envoyé ici oui.

_C’est pas vrai…j’ai été eu…

Il a commencé à gémir en se tordant au sol tel un ver de terre coupé en deux mais bientôt, les portes de ma chambre se sont ouvertes sur Kiran et plusieurs moines venus en renfort, sans doute interpellés par les bruits de bataille.

_Lena ! Tout va bien ?

_Normalement oui.

Kiran est apparu soulagé quand les autres moines ont entouré mon agresseur. Ce dernier n’a plus bougé quand il a compris qu’il était cerné, le souffle rauque.

_Je ne l’ai pas tué, ais-je murmuré à mi-voix, j’ai cru que ça serait mieux…pour lui demander comment il a pu arriver jusqu’ici…

_Tu as bien fait, m’assura maître Râma, le doyen du monastère, un moine âgé plein de sagesse qui semblait m’apprécier malgré le fait que nous n’ayons quasiment jamais parlé, nous allons l’interroger comme il se doit.

_Mais… ! J’ai le droit de savoir !

Kiran a essayé de me retenir quand maître Râma s’est retourné pour me faire face d’un air apaisé.

_Il est venu me tuer ! J’ai le droit de savoir pourquoi ! Et qui l’a envoyé faire ça !

_Tu le sauras. Mais pas avant que je lui parle.

_Maître !

Kiran m’a attrapé par le bras pour m’empêcher de le rattraper et m’a attiré vers lui avec force.

Les autres moines ont soulevé mon agresseur et ce dernier a quitté ma chambre tel un trophée de guerre posé sur les épaules des vainqueurs. Il m’a envoyé un regard explicite empli de peur et de rage.

Jamais je n’oublierai ce regard là.


_Pourquoi m’as-tu empêché de lui parler ?!

Kiran a eu un soupir en se joignant les mains sous son étole de tissu.

_Il fait ça pour ton bien. Crois-moi.

_Quelqu’un a envoyé cet homme pour me tuer ! Pourquoi ?!

_Lena…calme-toi.

Il m’a invité à venir le rejoindre près de mon lit et a tiré sur le drap pour que je puisse me recoucher.

_Chaque chose en son temps, veux-tu ? Nous verrons ça plus profondément dès demain matin.

J’ai eu un soupir hargneux, les poings serrés.

_Toi aussi tu cherches à m’éloigner.

Il s’est lentement redressé et m’a fait face, les bras croisés.

_Non, je cherche à te protéger. Ce genre de chose n’arrivera plus, tu peux en être certaine. N’oublie pas que nous reprenons l’entraînement, alors retourne dormir. Et ce n’est pas un conseil.

Il m’a indiqué ma couche d’un regard plus sec et j’ai obéi à contre cœur. Il m’a bordé comme lorsque j’étais enfant puis a quitté ma chambre sans jamais se retourner. Il a juste refermé les portes derrière lui et je me suis retrouvée seule, encore portée par l’adrénaline. Comment aurais-je pu dormir après une telle attaque ?


J’ai repoussé mon drap d’un geste franc et j’ai bondi sur mes pieds nus. J’étais en tenue légère car le temps était lourd par cet été écrasant. Par ce même effet, toutes les fenêtres du monastère étaient ouvertes pour permettre une meilleure ventilation. J’ai pu me faufiler par l’une d’entre elles et j’ai couru le long du couloir central sans faire de bruit. J’ai bondi sur une rambarde de pierre et j’ai gagné l’étage en me faufilant le long de cette dernière. Une lueur m’a interpellé. Je me suis écrasée pour éviter d’être vue par les deux moines envoyés pour faire le tour de l’île et j’ai continué ma route pour chercher un point d’encrage qui m’amènerait au deuxième étage. J’ai escaladé grâce à deux gueules de dragon en pierre et j’ai gagné une autre fenêtre ouverte.

Des voix étouffées se sont faites entendre. J’ai atterri dans un autre couloir illuminé par quelques torches et j’ai cherché une cachette plausible. Deux portes se trouvaient au fond : le bureau de maître Râma. Ils avaient visiblement amené mon agresseur jusque là-bas.


« …mens…payé pour ça… ! »

Je me suis faufilée derrière une statue de pierre qui trônait sur le côté pour accueillir maître Râma et je me suis recroquevillée pour tenter de percevoir ce qui se disait de l’autre côté du mur sans qu’une moniale de passage puisse me voir.

« …seigneur de l’Ordre ? »

 « …on… ! …connais pas qui a… ! »

« Comment avez-vous su…la t…ver ? »

 « …me l’a dit. Je vous assure, je….rien… ! »

J’ai serré les dents : j’entendais un mot sur deux, à peine de quoi comprendre le sens de leur conversation. Mon agresseur ne semblait pas savoir qui lui avait demandé de me tuer. Cela ne semblait pas être mon père…pourquoi aurait-il fait ça de toute façon ? je ne lui avais rien fait ! au contraire, j’obéissais aux ordres qu’il m’avait donné lorsque j’étais enfant…

« Zut ! »

Je me suis faite toute petite quand les portes se sont ouvertes sur les moines. Mon « meurtrier » était de nouveau sur leurs épaules, sans doute toujours incapable de bouger à cause de mes points d’action. Je les ai regardé quitter le couloir et je suis revenue près du mur pour réaliser qu’il ne restait plus que Kiran et maître Râma dans le bureau de ce dernier.


_Et pour Lena ?

_On ne change rien. Au contraire. Nous continuons son entraînement. Son père attend qu’elle soit prêtre à le rejoindre et ce n’est pas le cas aujourd’hui.

_Elle a su repousser cet homme sans le tuer.

_Et c’est tout à son honneur. Mais elle n’est pas prête. Elle ne connaît rien du nid de serpent dans lequel elle est née. Il lui faut encore du temps pour tout assimiler…

J’ai baissé les yeux, touchée à vif. Maître Râma avait raison. Je ne savais rien de ce qui m’attendait en dehors de cette île.

Kiran me l’avait appris, mais cela restait abstrait. A présent, je réalisais qu’être une bâtarde faisait de moi une cible. Cette évidence me frappait alors que je me cachais tel une souris dans son trou…quelqu’un voulait me rayer de l’arbre généalogique du seigneur de l’Ordre. C’était ça mon fardeau.

_Lena ?


Le lendemain, Kiran est venu me retrouver dans le jardin du monastère. Je boudais dans mon coin, assise près d’un immense lilas violet qui avait l’habitude d’embaumer tout l’extérieur. Je m’étais entraînée toute la matinée avec hargne pour oublier l’humiliation de la veille. Mais je ne parvenais pas à en démordre. J’avais beau être fatigué, je jouais encore avec une dague pour tester l’agilité de mes doigts, au risque de me couper, comme souvent.

_Ecoute…soupira-t-il en venant me rejoindre, les mains jointes sous son étole, je me doute de ce que tu ressens…mais maître Râma doit assurer ta protection avant toute chose.

_Vous savez qui a envoyé cet homme pour me tuer ?

J’ai levé les yeux vers lui et il s’est pincé les lèvres. J’ai jeté ma dague dans l’herbe et elle est venue se planter entre ses pieds.

Il n’a pas bougé : il savait que je ne le blesserais jamais volontairement.

_J’imagine que vous allez me le cacher pour éviter de me choquer.

_Lena…

Je me suis brutalement redressée et je lui ai fait face. Il a simplement relevé le menton pour me regarder dans les yeux, car malgré mon âge, j’étais déjà quasiment de sa taille.

_Est-ce que c’est le seigneur de l’Ordre ?

_…non. Cet inconnu assure que non. L’homme qui l’a payé pour ta tête était bien des archipels mais il n’était pas assez riche pour faire parti de l’entourage de ton père. Après…ce n’est pas un gage de vérité.

J’ai légèrement fait bouger ma mâchoire sur le côté, le souffle douloureux.

_Est-ce que je risque de me faire tuer à chaque fois que je mettrai le nez dehors ?

_Personne n’aurait du savoir que tu te trouvais chez nous. Mais ce secret a été éventé….sincèrement, je doute que quelqu’un ose revienir ici. Après tout, c’est bien nous qui t’apprenons l’art de tuer…


Son air mystérieux a réussi à m’arracher un sourire. Mais je me suis bientôt sentie mal. Je ne m’attendais à ce que quelqu’un cherche à me tuer. Je n’existais même pas officiellement…ou si peu.

_N’y pense plus, déclara Kiran en posant une main sur mon épaule, concentre-toi plutôt sur ton entrainement. Tu aurais moins peur en devenant plus forte.

_Qui t’a dit que j’avais peur ?

Il a eu un sourire amusé tandis que je bougonnais dans mon coin, et a levé un doigt pour repousser une mèche qui me gênait la vue.

_La salle nous attend. Tu es prête à te battre ?

Je l’ai regardé avec un air de défi.

_Tu n’as pas idée.

_Alors viens. Il nous reste du temps avant le déjeuner.


Cet épisode est resté l’un des plus marquant de mon apprentissage…il a été un véritable tournant pour moi. Réaliser ma situation en étant si loin de ma famille…réaliser que j’étais un danger pour quelqu’un qui était prêt à tout pour se débarrasser de moi…malgré le soin des moines à vouloir me protéger, je me doutais qu’il n’y avait pas qu’une personne. Ils étaient sans doute plusieurs. Sans doute avec des motifs différents, mais ils étaient là. Et moi, j’étais seule face à eux…

J’ai passé les trois années suivantes à m’entraîner en essayant de comprendre. Toujours m’améliorer, devenir une ombre…si impalpable que même Kiran en serait troublé. Si silencieuse qu’il ne me sentirait même pas venir derrière lui.


_Touché !

Il a fait volte-face avec son long bâton de combat, prêt à me frapper. Mais j’avais déjà disparu dans la pénombre de la pièce.

_Ah ah je t’ai eu !

Il a secoué la tête en baissant son arme.

_Tu serais mort si j’avais voulu !

_D’accord, d’accord…tu as gagné. Tu es contente ?

_Oh oui !

J’ai bondi en dehors de ma cachette et il a secoué la tête, amusé. J’ai fait une révérence et il m’a salué, une main sur le torse. J’avais gagné ! J’avais acquis assez de connaissance pour battre l’un des moines qui avait toujours vécu sur cette île. Qui s’était lui même entraîné pour m’apprendre tout ce dont j’avais besoin…j’avais poussé mon corps et mon esprit dans les limites les plus profondes. Et je n’avais que 17 ans…j’avais encore tellement à apprendre.

A cet instant, j’étais juste heureuse à l’idée de l’avoir dépassé. Mais lui m’observait avec un regard un peu sombre.


_Qu’est-ce qu’il y a ?

J’ai arrêté de me réjouir quand il a doucement soupiré en rangeant son bâton sur le portique où s’étalaient toutes les armes de combat.

_Cet acte signifie la fin de mon rôle de professeur.

_Quoi ?

Les bras m’en sont tombés.

_Tu plaisantes ? je commence à peine à me débrouiller !

_Tu es plus avancée que tu ne le crois. Aujourd’hui, nous sommes du même niveau. Et par cela, je n’ai plus rien à t’apprendre.

_Non….non non non ! C’est n’importe quoi ! Je refuse d’avoir un autre professeur !

_Lena, nous pourrons toujours nous entraîner ensemble. Simplement, tu vas sans doute devoir travailler avec maître Râma à partir d’aujourd’hui.

_Avec maître Râma ?

J’ai à peine caché une grimace.

A dire vrai, je me méfiais de lui depuis l’épisode de mon agression. Il cachait plus de chose qu’il voulait bien le faire croire.

_Et bien et bien…en voilà une bonne nouvelle. Tant d’années ont passé déjà…il faut dire que tu es devenue une femme si rapidement…


J’ai serré les dents quand la voix du principal intéressé s’est faite entendre. Comme par hasard, il se trouvait juste derrière nous au moment même où nous parlions de lui.

Je crois que je l’ai fusillé du regard sans même m’en rendre compte. Il ne s’en est pas formulé en descendant les marches, les mains croisées dans le dos.

_J’ai de bonnes nouvelles pour toi Lena. Un message du seigneur de l’Ordre vient tout juste de me parvenir. Pour ce jour spécial.

J’ai reculé la tête. C’était la première fois que je recevais un message de sa part. On aurait presque pu croire qu’il avait oublié mon existence …et voilà qu’il m’écrivait.

_Qu’est-ce qu’il me veut ?

_Je l’ignore. Je ne l’ai pas ouvert.

Pour preuve, il est arrivé devant moi et m’a tendu un parchemin lourdement cacheté. Je l’ai attrapé avec hésitation et je l’ai détaché d’un geste sec. Là s’est dessinée une écriture manuscrite à la plume. Sans doute celle de son secrétaire.


« Lena. Aujourd’hui est le jour de ton dix-septième anniversaire. Cela fait de toi une adulte selon nos lois. Par ma décision, je te demande de revenir auprès de moi comme nous l’avons convenu lorsque tu as intégré le monastère d’Oundan. Je suis certain que tu es devenue forte et sage et que tu m’accompagneras efficacement dans mon travail. Rejoins-moi avant la prochaine lune et je t’accueillerais dans tes nouveaux quartiers.     

    Le seigneur de l’Ordre de Rei, Tenno »


J’ai eu une longue inspiration, la poitrine douloureuse. Je ne m’attendais pas à une telle chose. J’avais imaginé que cela me transporterait de joie mais en réalité…j’étais terriblement déçue.

_Lena ?

J’ai levé les yeux sur Kiran qui n’a pas eu besoin de mes mots pour comprendre le sens de ce message.

_Cela devait arriver…souffla-t-il à mi-voix.

_Il est en effet temps de te ramener chez les tiens. Tu es prête à présent.

_J’ai encore des centaines de chose à apprendre !

_Et nous te les enseignerons, déclara doucement Kâma avec un sourire, mais pour l’instant, tu dois faire ce pour quoi tu es née.

_Maître !

Kiran s’est dressé entre nous en tendant le bras. J’ai reculé d’un pas. C’était la première fois qu’il se présentait ainsi devant celui qui lui avait tout appris.

_Cela ne me plait pas, Kiran, déclara-t-il sans se vexer, crois-moi que je préférerais garder Lena encore quelques années avec nous. Mais le seigneur de l’Ordre a été très clair à ce sujet : sa fille doit lui revenir. Et malheureusement, nous dépendons trop de lui pour oser se dresser contre ses ordres.

_…alors ne la présentez pas comme un objet…

J’ai difficilement dégluti, touchée. Kâma l’a longuement dévisagé et son sourire s’est attristé.


_Elle devra malheureusement s’habituer à ce genre de remarque dans la cour du Seigneur. Lena, reprit-il doucement en se tournant vers moi, sache qu’à partir du moment où tu poseras le pied à Primera, tu deviendras la main Noire. Celle qui devra répondre aux ordres du maître des lieux sans poser de questions. Mais tu seras aussi Lena, la fille cachée de ce dernier. Tous les nobles connaissent ton existence, et peu l’acceptent. Tu es synonyme de honte pour Tenno. Tu es sa plus grande erreur.

J’ai serré les dents petit à petit au fur et à mesure de son discours.


_C’est du moins ainsi qu’ils te verront, continua-t-il avec calme, bien qu’il t’ait parfaitement reconnue à la naissance et que ton nom ait été inscrit sur l’arbre généalogique de la famille, tu resteras « différente », contrairement à ton frère le prince Eisaku et ta sœur, la princesse Akishino. Ne t’attends à aucune aide de leur part.

_Je sais…

Il a faiblement hoché la tête de manière entendue puis s’est tourné vers Kiran.

_Je vous laisse pour les préparatifs. Prenez votre temps.

Il a ensuite fait demi-tour et a quitté la pièce sans faire le moindre bruit. J’ai serré le parchemin de mon père si fort qu’il aurait pu se déchirer en deux entre mes doigts.

J’ai senti les larmes monter mais je les ai retenu en fermant les yeux. Kiran s’est approché et je me suis retournée pour venir contre lui dans un mouvement brusque. Je n’ai pas réfléchi à mon geste. Il ne m’a pas repoussé, il m’a juste tenue pour me bercer un peu. Il avait presque la quarantaine à présent, c’était lui qui m’avait élevé. Pas cet homme qui m’appelait à présent à ses côtés…


_Tout va bien se passer…ce n’est pas comme si nous n’allions plus nous voir…

J’ai doucement reculé, la gorge douloureuse et il m’a souri en repoussant de nouveaux ces cheveux qui me gênaient la vue.

_Viens. Il y a quelque chose que j’aimerai te montrer.

Il m’a invité à le suivre d’un geste du menton et j’ai obéi en abandonnant mes protèges poignées qui contenaient plusieurs de mes dagues.

Il m’a entraîné dans les couloirs du sous-sol, là où je n’étais jamais allée malgré mes années d’entraînement. Il a attrapé une torche et a allumé deux d’entre elles qui se tenaient autour d’une large porte. Dessus était dessiné l’emblème du monastère : une tête de dragon peint en jaune, la gueule grande ouverte.

Les dragons…des créatures qui étaient censées avoir existés avant le Cataclysme. Je n’ai jamais cru à leur existence…mais sur cette île, les moines aimaient les prier, comme s’ils pouvaient résoudre leurs problèmes. Si c’était le cas, où étaient-ils le jour de la catastrophe ?


_Où sommes-nous au juste ?

_Dans les anciens quartiers du monastère. Ils sont peu utilisés aujourd’hui. Ils datent de la Reconstruction.

_Ah carrément…

La Reconstruction…la période reconnue la plus ancienne après les roches tombées du ciel. Quelque chose qui datait de plusieurs générations déjà.

_Nous y sommes.

Il a levé sa torche et en a allumé deux autres qui ont entraîné une vague de flamme dans toute la pièce que nous venons d’ouvrir. Cela sentait la poussière et le renfermé. Mais lorsque toutes les torches ont fini de se relier, j’ai découvert une grande salle dont les murs étaient couverts de tentures.

_Wha…

J’ai levé le nez, surprise par la hauteur du plafond voûté. Nous étions vraiment sous terre.

_Qu’est-ce que ça raconte ?

_La guerre de la Division. Ou comment les hommes ont été rappelé à l’ordre par notre mère nature.

J’ai fait une moue explicite en essayant de détailler les silhouettes qui se dessinaient à peine sous les flammes dansantes. Oui ces tentures étaient vraiment vieilles…

_…mais ce n’est pas ça que je voulais te montrer.


Il a posé sa torche dans une main de fer et s’est avancé en direction d’un autel de pierre dont je devinais à peine les contours. Il a attrapé un drap noir couvert d’une poussière qui m’a violemment fait toussé et l’a laissé sur le côté avant d’éternuer à son tour.

_Il faudrait peut-être faire un peu de ménage par ici, grimaça-t-il avant d’ouvrir les mains, mais au moins, il est toujours là.

_Il ?

Je l’ai rejoint après avoir fait quelques pas dans la pièce et j’ai découvert ce qu’il tenait entre ses mains : un masque entier. Un masque blanc aux yeux taillés en amande.

_Il appartenait à la première Main Noire éduquée dans nos murs.

_Vraiment ?

Sur la joue gauche se tenait un dessin de flamme bleue dont les tentacules remontaient jusqu’au dessus de l’œil gauche. C’était primitif. Et très intriguant.

_Tiens...vas-y, prends-le.

Il me l’a donné d’un geste amical. Je l’ai retourné, comme par instinct. Deux sangles de cuir maintenant usées devait l’aider à le faire tenir autour de la tête de son porteur. A voir sa forme élancée, j’ai eu comme un doute.

_C’était une femme ?

_Toutes les mains Noires étaient des femmes, me dit-il dans un sourire, je ne te l’avais jamais dit ?

J’ai doucement approché le masque de mon visage sans oser le mettre. Il m’allait parfaitement.


_Qu’est-ce que je suis censée en faire ?

_Le porter. Lorsque tu auras une mission...pour cacher ton visage. Ton identité sera ton plus grand secret.

_Mais…tout le monde à la cour de mon père doit savoir que je suis une main Noire !

_Non. Officiellement, tu es partie pour être éduquée par de grands professeurs étrangers. Vivre un autre cursus que tes demi-frère et sœur. Afin d’apporter d’autres choses au seigneur. Une sorte…d’ouverture sur le monde.

J’ai aussitôt eu un rire nerveux que je n’ai pas pu contrôler.

_Une ouverture sur le monde ? J’ai grandi dans un monastère !

_Ça, personne ne le sait.

Je me suis refermée et il a doucement soupiré.

_Presque personne disons…

_…je vais vite devoir découvrir de qui il s’agit si je veux survivre.

Kiran a doucement baissé la tête : oui ce n’était plus de l’entraînement à présent. Je devais mettre un pied dans la réalité du monde qui allait être le mien.

_Garde ce masque, me dit-il en fermant mes doigts dessus, nous allons refaire faire les sangles et il sera tiens.

_Kiran…

_Je vais t’aider pour tes bagages. Ensuite, nous irons manger avec les autres.

_Kiran !

Il s’est arrêté alors qu’il me tournait déjà le dos pour quitter la salle.

_…je reviendrai aussi vite que possible.

Il a faiblement tourné la tête, un petit sourire aux lèvres.

_Je sais.


J’ai dû quitter l’île du monastère dès le lendemain, avec un simple bagage pour contenir toutes mes affaires. Dedans se trouvait le masque de la main Noire, quelques souvenirs des moines et moniales qui avaient tenus à m’offrir quelque chose pour mon départ, et des habits pour me présenter au seigneur de l’Ordre. J’avais aussi mes armes et mon uniforme noir. Celui que personne ne devait voir en ma possession.

Je n’ai pas regardé Kiran rester debout sur la rive, la gorge sèche. Je suis montée à bord du navire venu me chercher et ce dernier s’est doucement élevé dans les airs pour atteindre une hauteur convenable au voyage. J’ai à peine regardé la mer défiler sous mes pieds…

Cette île était mon lieu de vie. La quitter comme ça…bien que l’on me l’ait toujours dit…cela me rendait malade.

Plus loin m’attendait Primera, la capitale de l’Ordre de Rei. Une sorte de monstruosité qui couvrait toute l’île centrale des archipels. Il n’avait plus aucune place pour la nature. Tout était pour la construction de maison, de sentier, de port pour les vaisseaux…plus aucune place pour les arbres, les lilas…

Et dire que j’allais devoir apprendre à vivre dans ce monde de fou…


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9 octobre 2008

Nouveau blog, nouvel univers

Voici l'ouverture d'un nouveau blog afin de présenter au monde - ou du moins aux lecteurs de passage - un projet conséquent baptisé "Cérès Univers". Un monde à la base futuriste et fantaisiste sorti tout droit de deux cerveaux totalement emballés et motivés.
Le premier scénario a reçu pour titre "l'Empreinte du Passé" et c'est cette même histoire que nous allons dérouler ici, sous vos yeux ébahis !

Pour preuve et pour commencer sur les chapeaux de roue, voici l'introduction qui j'espère, vous donnera l'envie d'en savoir sur cette nouvelle aventure.

Bonne lecture à vous !

CERES UNIVERS

L'empreinte du Passé

Le Grand Cataclysme…une catastrophe tombée du ciel il y a de ça des générations déjà. Personne, même les Elites, auraient pu prévoir qu’une telle chose arriverait un jour.

Les nuages se seraient déchirés un matin pour laisser passer des roches de la taille d’un continent. Ces dernières se seraient écrasées partout sur notre monde et auraient entamé sa destruction. Elles auraient déchaînés les mers, réveillés les volcans, déchirés les terres, meurtries les populations qui vivaient là. Des millions d’habitants seraient décédés, au point même que les survivants ont craint la disparition de leur espèce!


Tout le monde ignore encore aujourd'hui comment notre terre a pu résister à une telle attaque. Les prières ont peut-être attiré la pitié des dieux…ou peut-être était-ce simplement de la chance…

En tout cas est-il qu’au bout de trois jours, le ciel a décidé qu’il en avait fait assez et les roches incandescentes ont disparu sans plus jamais faire parler d’elles.

Que restait-il de notre monde à cette époque ? sans doute plus grand chose.


Les hommes se sont regroupés comme par instinct et ont tenté de reprendre le dessus sur cette catastrophe. Ils durent réapprendre à vivre dans un paysage totalement transformé, où l’air était chaud et acide et où les mers s’étaient reculées au plus loin des terres. Combien de temps cela leur pris pour reconstruire un semblant de société ? je l’ignore.


Mais cinq peuples sont parvenus à se redresser face à la mort tombée du ciel. Cinq peuples qui n’ont rien trouvé de plus intelligent à faire que la guerre. Pourquoi ? pour le pouvoir de la domination évidemment. La loi du plus fort. Le plaisir d’écraser ses semblables pour voler ses biens, sa femme, sa réputation…

La terre était si fragile qu’elle ne tarda pas à gronder et à faire comprendre sa colère. Pourquoi avait-elle tant lutté pour survivre si les hommes ne trouvaient rien de mieux que de se battre à sa surface ?


La paix fut alors signée dans la rancœur et le regret pour préserver ce qui restait de la vie. Les peuples s’éloignèrent et décidèrent de grandir chacun de leur côté pour éviter de reprendre les combats. Cela dura un temps.

Les ressources vinrent à manquer pour certains, tandis que d’autres développèrent une nouvelle source d’énergie capable de faire voler les matières les plus lourdes.

Un marché commun se créa, les plus riches inondèrent les plus pauvres de leurs ressources et un équilibre précaire se dessina bientôt dans une paix somme tout relative.


Aujourd’hui, cette paix est mise à mal par une ambiance de plus en plus noire. Le passé ronge les cœurs les plus tendres, les secrets forment au mensonge.

Et c’est dans ce monde que nous sommes nés. Ce monde qui ne demandait que deux choses : le calme. Et la vérité.


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